2025 est pronostiquée comme une année difficile pour les équipes Design.
Et on l'a remarqué dès la fin 2024 : lenteur dans les prises de décision des entreprises, projets Design d'envergure au ralenti (Design System par exemple), et raideur dans tous les sujets sur lesquels il faut un peu se mouiller.
Et pourtant, c'est justement dans les temps incertains que les chantiers de haut niveau Design devraient être appuyés. Et ce, pour 3 raisons au moins.
1. L'efficacité
Qui dit "temps durs" dit "réduction des risques". Et donc "efficacité".
Hors, quand on a besoin d'efficacité, on a besoin d'une structure de réflexion bien rodée. Une structure qui garantie qu'on comprend le problème correctement, qu'on interroge les bonnes personnes sur les bons sujets, et avec les bonnes questions. Et enfin, qu'on traite toutes ces informations d'une manière sécurisée, pour ensuite déployer nos solutions Design de manière cohérente.
Et pour arriver à ces résultats, demander de l'efficacité aux équipes ne suffit pas. Il faut nécessairement investir dans du travail sur les process, et dans les démarches qui alimentent l'amélioration continue. On a là besoin de séniorité, d'accompagnement et de suivi. Pas de secrets, pas de raccourcis.
Évitez donc de reléguer trop vite vos projets de Design System, ou de mentorat d'équipe par exemple. Vous risquez de le payer à court/moyen terme, en matière d'efficacité, mais aussi sur les deux points suivants.
2. L'engagement
Figure de proue des intentions RH depuis pas mal d'années, on a plus besoin de présenter les effets néfastes d'un engagement collaborateur qui stagne, ou qui chute. Et en coupant les projets structurels et ambitieux sur lesquels vous avez chauffés vos équipes durant ces derniers mois, vous entrez dans la dark-zone.
Personne n'est dupe sur ce projet de Design System que vous mettez "en pause quelques temps, le temps que ça aille mieux". Vous venez d'envoyer le signe que faciliter le travail de toute l'équipe n'est plus prioritaire, comment pensez-vous que vos équipes vont faire vivre leur engagement ?
Pareil pour les rituels d'équipe qui sautent, ou pour le peu de temps que vos collaborateurs avaient pour faire un peu de veille pour élever leur niveau de jeu. Les temps difficiles en fait, c'est le vrai test des promesses du management.
Alors bien sûr, je ne dis pas naïvement de faire comme si tout allait bien. Cependant, "réduire" ou "adapter" est différent de "couper". Et surtout, bien moins définitif, car vous veillerez bien sûr à respecter la période durant laquelle le temps dédié à ces sujets stratégiques est prévu d'être réduit.
3. L'effet cumulé du report des sujets
Le monde de la Tech et du Design a ce grand paradoxe : on y applique l'inverse de ce qu'on conseille. Lorsque d'un côté on dit à quelqu'un "lance-toi, n'attends pas le moment parfait, tu comprendras et construiras en cours de route", on trouve, de l'autre côté, toutes les bonnes raisons pour freiner les projets d'envergure qui se présentent à nous.
Avec pour effet, une double sanction : celle du retard lié au décalage d'un projet. Et celle du retard lié au temps nécessaire pour mener ce projet à bien. La triple sanction intervient elle, lorsque les deux premières auront suffisament découragé les équipes pour attaquer même le projet.
Design System, mentorat, grands programmes : commencez, toujours. Petit, mais régulier. Pour poser des bases, pour infuser de la culture et de la maturité. Et surtout, pour mieux préparer le grand jour, celui où on se lancera pleinement dans le sujet, à la lumière des micro-apprentissages déjà en notre possession. Choisir la confiance et la vision, plutôt que le recul.
En espérant que cette 44ème édition de ma newsletter, vous aura donné l'envie de resister à la tentation du "full pause sur tout, on verra dans 6 mois".
Bonne semaine,
Joffrey